Il y a un an, Strasbourg a franchi une étape décisive dans sa stratégie touristique : la naissance de l’Office eurométropolitain de tourisme, de loisirs et de congrès (OTLC), fruit du rapprochement entre l’Office de tourisme historique et le Bureau des congrès. Cette union, voulue de longue date par la Ville et l’Eurométropole, a ouvert la voie à une transformation inédite : la création d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), approuvée en assemblée générale le 20 juin dernier.
Un modèle encore rare dans le monde du tourisme, mais porteur d’une ambition claire : associer durablement les acteurs du territoire à la gouvernance et au développement d’une destination majeure à l’échelle européenne. « Nous voulions construire le tourisme de demain, plus responsable, plus collaboratif et plus ancré dans son territoire », résume Joël Steffen, président de l’OTLC.

Depuis 2019, un long travail de diagnostic, de concertation et d’audit a été mené pour repenser l’organisation touristique du territoire. La pandémie a accéléré la réflexion : comment inventer une gouvernance plus agile, renforcer les moyens, décloisonner les acteurs et faire du tourisme un levier partagé de développement durable et d’attractivité du territoire.

Sous l’impulsion de la collectivité et de professionnels engagés, l’idée d’une SCIC s’est imposée. Elle permet de réunir autour d’une même table les collectivités, les socio-professionnels, les partenaires institutionnels et les salariés – chacun disposant d’une voix et d’un pouvoir de décision au sein de collèges distincts. Le nouveau modèle s’appuie sur une gouvernance à plusieurs voix.
Les « sociétaires » – qu’ils soient publics, privés ou salariés – sont répartis en collèges (dont les voix sont pondérées) :

• Collectivités (40 %)
• Acteurs socio-professionnels (35 %)
• Partenaires parapublics et institutionnels (15 %)
• Salariés (10 %)

Au sein de chaque collège, chaque sociétaire dispose d’une voix, selon le principe « une personne = une voix ».

Le Conseil coopératif, (équivalent d’un Conseil d’administration) et fort de 20 membres, porte la vision stratégique et garantit la gestion collégiale de la structure.
Joël Steffen en assure la présidence, entouré de vice-président.e.s issu.e.s du tissu socio-économique local. Derrière cette évolution institutionnelle, il y a eu un chantier humain considérable.
Sabine Bergerot Brousse, recrutée par l’Eurométropole pour piloter la fusion, a accompagné les 28 salarié·es de l’Office de tourisme et du Bureau des congrès vers un projet commun.
Deux conventions collectives à harmoniser, des accords sociaux à négocier, des cultures à rapprocher : un défi d’ingénierie sociale autant qu’organisationnelle.
  La transformation de la gouvernance s’incarne également dans la création de la Fabrique de destination, un espace de réflexion et de co-construction animé conjointement par l’OTLC et l’Eurométropole qui réunit régulièrement les acteurs du tourisme, de l’économie, de la culture et de l’environnement autour d’ateliers et de groupes de travail.
Objectif : croiser les regards, faire émerger des idées et bâtir ensemble l’avenir de la destination Strasbourg.
  Tout n’a pas été simple.
Les aspects juridiques se sont révélés complexes, parfois décourageants. Les délais se sont étirés, les formulations statutaires ont fait débat.
Mais la détermination collective, appuyée par une solide ingénierie juridique, a permis de surmonter les obstacles.
Si la transformation en SCIC a un coût, elle apporte une richesse immatérielle : la reconnaissance, l’engagement, la confiance partagée. Combien coûte un mode de gouvernance démocratique et l’adhésion des parties prenantes à un projet commun ?
En savoir plus :

• Alternatives Économiques – “L’Office de tourisme de Strasbourg bientôt en SCIC”
• Dernières Nouvelles d’Alsace – “L’Office de tourisme de Strasbourg devient une Société coopérative”